tendu - traînage
Le traînage est une expression qui remonte à quelques années, et qui définissait la manie de certaines enceintes, au départ anglaises, parfois dotées de radiateurs passifs, d’émettre des fréquences si lentes que les HP continuaient de vrombir après l’extinction de l’ampli…
J'exagère à peine
Telle caricature est devenue rare. Pourtant, on détecte encore souvent du traînage ; soit un effet de masque par surdimensionnement du bas-médium, flatteur et confortable sur des disques moyens, notamment, très conciliant pour garnir l’indigence sonore de bien des productions de variété ; soit une réelle lenteur sur les attaques d’un grave bodybuildé qui en arrive à devenir la norme. Pas d’impact mais du volume, dans cet amalgame fréquent entre plein et gras, pas d’intonation mais un effet barillet qui "altise" les violons et alourdit le violoncelle en pupitre complet de contrebasses ronflantes rappelant la grande époque de Karajan à Berlin (qui y a fait aussi d’innombrables belles choses).
Le traînage évoque en quelque sorte les hippopotames en tutu de Walt Disney…
L’habitude indirecte de la pollution du traînage conduit à ce paradoxe que nous sommes parfois déstabilisés par un grave réellement tendu, rapide, timbré, au point de conduire à ce commentaire désabusé qu’il n’y a pas de grave !
timbre
Le timbre est au son ce que la couleur est à l'image. La couleur du son, pour faire simple. La qualité qui distingue deux sons de même hauteur et de même intensité.
On parlera cependant non pas de la couleur d'un instrument, mais bel et bien des couleurs d'un instrument. Le timbre de l’instrument est donc le son spécial à chaque instrument.
Le timbre ne suffit pas pour reconstituer l'image plausible de l'instrument. Sans matière, sans grain, l'identification est plus culturelle que concrète. Même sur un autoradio antédiluvien, on fait la différence entre un piano et un violon. Mais parfois sur des systèmes perfectionnés, séparer la clarinette du hautbois (employés dans une même tessiture), ou trompette et saxo relève plus des repères acquis que d'une réelle distinction de leur couleur.
La matière, l'éclat différent du cuivre ou la résonance du bois entre deux instruments d'une même famille ou d'un même pupitre souligneront la personnalité de chacun.
C’est l’ensemble de ces nuances verbales qu’on regroupe sous l’appellation globale de "timbre"…
Une fois cette définition posée, reste à faire le tri dans l'importance relative ou la compréhension réelle du timbre dans la restitution.
Souvent, l'argument flatteur pour un système consiste à se réfugier derrière le confort du beau timbre : j'aime mon ampli, il délivre de beaux timbres ! Oui, d'accord : toujours les mêmes ; à tel point qu'on pourrait en parler au singulier. Si les timbres ne sont pas beaux sur le disque, il n'appartient pas à la chaîne de les édulcorer ! Ce n’est pas parce que l’on a de plus en plus l’impression que les musiciens modernes, de toutes catégories, sont issus de castings de mode que la vérité de la musique doit être essentiellement plastique !
Cet ampli est formidable, il respecte les timbres d'origine ! Et on le sait comment ça ? Outre qu'il faudrait avoir été présent au moment de l'enregistrement, il faut tout de même une belle mémoire auditive !
La vérité sur la restitution des timbres est à la fois simple et dérangeante : elle est plutôt du côté des systèmes qui libèrent une palette étendue, une variété incommensurable de timbres. Des timbres diaprés, distincts à tout moment d'un même disque et à fortiori d'un disque à l'autre et non contaminés d’une couleur moyenne issue des caractéristiques de la boîte émissive. Il faut parfois enfoncer des portes ouvertes tant on constate en ce domaine une dérive flagrante !
Mais attention : le timbre ne dit pas tout. Fréquents sont les systèmes qui produisent une image de piano absolument magnifique, un Steinway plus vrai que nature, mais où le pianiste pourrait être absolument n’importe qui, y compris votre serviteur (ce que je ne vous souhaite pas !), car les particularités du toucher, les fringances ou les ambiguïtés du jeu, l’ornementation de l’œuvre jouée sont ramenées à un standard accablant…
Ah oui, le timbre c'est aussi est une image mobile, ou une empreinte, que l'on appose sur un document, destinée à marquer le paiement d'une taxe ou d'une redevance fiscale. Un droit fiscal…
J'ai failli oublier…
trahison
Cessons de nous raconter des histoires : s’il ne faut pas prendre les petites considérations de la hifi trop au sérieux – après tout ce sont des problèmes de privilégiés - il n’en faut pas moins admettre que nous assistons quotidiennement à une véritable trahison : celle des musiciens, des interprètes, voire des compositeurs.
Un critique musical d’un grand magazine spécialisé pousse un jour la porte d’un magasin hifi sérieux (ça existe !). Les responsables sont occupés à comparer des lecteurs CD plutôt honnêtes (ce qui est rare !!!!). Le chroniqueur, intéressé, leur demande de ne pas s’occuper de lui, de faire comme s’il n’était pas là. Mais, au moment où le patron introduit un disque dans une des deux machines (la plus saine), le critique émet une réserve sur l’opportunité musicale du disque en question : il le déteste, n’en apprécie guère l’interprète, c’est d’ailleurs lui qui a commis la critique du disque en question. Le patron du magasin ne partage pas cette opinion et continue son test. Stupéfaction du critique, qui demande à revoir la pochette du disque… Oui, c’est bien celui-là, je ne comprends pas, je n’avais pas remarqué cette intelligence de la main gauche, cette incroyable gamme de nuances dans un jeu tout en pression, ce conflit palpable entre la théâtralité et la nuance d’une vérité cachée, c’est pas du tout ce que j’avais entendu !
Ben voilà… Mais le mal était fait ! La critique parue. Totalement à côté de la vérité.
Inutile d’attendre un démenti, une correction, bien sûr !
Et puis, en admettant même que ce soit fait pour ce titre précis, combien d’autres auront été soit flattés par un système arrangeant, séducteur par simplification ou outrance, qui édulcore d’un pseudo-relief des disques musicalement fades (c’est tout à fait possible), soit gâchés par des systèmes, même coûteux, qui ne savent respecter les variations délicates d’un jeu subtil, les incommensurables ornements qui feront toute la différence entre un bon interprète et un génie immergé dans l’inspiration !
On nous opposera que souvent les critiques écoutent au casque. Et alors ?
transitoire
Les transitoires d’attaque sont les composantes du son qui ne sont pas entretenues, tel un claquement, un choc, le crissement de la colophane sur la corde d'un violon au tout début de la note et du son ; on parle de phénomènes inharmoniques qui se décomposent en partiels, de phénomènes intermédiaires, les fronts d’onde, ces instants si brefs et qui ne cessent jamais de se renouveler, jamais à l’identique, les éclats fugitifs, les instantanés de construction…
La musique n’est composée que de transitoires et d’harmoniques, tout ce qui en rend la retranscription si difficile du fait de l’inouïe diversité et précipitation de ces fugitives composantes…
transparence
L’utilisation du terme est pourtant simple : une restitution est transparente si elle ne modifie pas les informations transmises.
Voilà, tout est dit. Transparent devrait être considéré comme une redondance en haute-fidélité puisque c’est de son fondement même qu’il s’agit.
En pratique, on ne peut guère utiliser cette notion que par sa négation : à l’écoute de nombreux systèmes qui donnent l’impression d’un voile entre le système et l’auditeur, un son de boîte, une opacité nuisant à la finesse ou la résolution, on pourra parler de manque de transparence.
Ce qui est plus inquiétant, c’est d’entendre qualifiés transparents des appareils hautement simplificateurs qui ne mettent en place que la trame des éléments, les attaques, les informations primaires, et gomment tout ce qui compose le mystère ou l’humanité. La transparence est alors une sorte de squelette ou de radiographie, une mise à plat des constituants majeurs, où en effet tout semble en ordre, une parade impeccable mais dépouillée de ses poussières indéfinissables d’informations qui séparent la hifi majoritaire de la musique…
La transparence : une vitre plus ou moins propre donnant une vue sur la musique...