dégraissé
Une restitution dégraissée ne définit pas une qualité en elle-même. Dégraissé utilisé tel quel pourrait aussi bien signifier décharné.
En pratique on ne parle guère de dégraissage que par opposition aux trop nombreuses propositions de grave-bas-médium envahissants, un peu lents, un peu volumineux, traînants, bref, trop "gras", enrobés et redondants…
Dégraissée définit donc la normalité : des graves lisibles, précis, tendus, nets. Quelle surprise de découvrir tout à coup qu’il y a des timbres dans le bas du spectre !
Ah, évidemment, la mode des caissons de grave, toujours réglés trop forts et agissant aussi sur les fréquences élevées (tout est résonance harmonique !) ne peut pas aider à dégraisser !
délié
Le délié raconte la consonance souple et raffinée de la modulation, définissant une orographie musicale huilée et exquise, des gravures ondulantes, procurant une grande limpidité, une extrême finesse, une excellente différenciation des instruments, sans distorsion, sans aberration, des transitoires franches, libres, des harmoniques subtils et pénétrants et des extinctions de notes interminables.
J'ai en tête la sentence qu'un ami avait exprimé un jour à l'écoute d'un système ambitieux, pas nul, mais sans âme :
- j'entends parfaitement le discours, tous les mots mais pas la ponctuation. Je ne comprends donc rien à l'histoire.
détail, détaillé
Un point fondamental pour beaucoup.
La recherche du détail a un sens : plus ils sont nombreux plus la restitution est fidèle… Enfin... Plus elle devrait être fidèle…
Pourquoi souvent des systèmes objectivement "détaillistes", vous proposant une foultitude de micro-informations (de ces termes adorés par les idolâtres !) sont à l’arrivée si peu "musicaux" (autre terme des idolâtres !) ?
Peut-être deux explications à cela :
- on se laisse souvent abuser par la confusion entre l'accumulation de détails trop identiques et une vraie recherche de la plus petite information.
- la vraie limite de la volonté du détail pour le détail est d'en arriver à projeter le détail au même plan que l'information principale, la loupe ou le microscope n'étant pas des instruments de tri, ni de nuance, mais d'exploration.
Or, détail n'est pas subtilité ou nuance.
directivité
La directivité est la capacité d'un émetteur ou récepteur à exercer sa fonction suivant une ou plusieurs directions.
On parle souvent de la directivité des enceintes acoustiques en rêvant d'une hypothétique faculté de tourner autour de celles-ci en gardant une scène sonore stable et identique.
En pratique, tout ce que l'on peut espérer c'est une directivité plus ou moins grande.
Ne sachant pas toujours trop bien si la directivité définit l'angle utile lui-même ou au contraire son étroitesse plus ou moins étirable (est directif celui qui donne les ordres et directions) ; on parle de lobes de directivité : plus large est le lobe, plus il est possible de s'écarter de l'axe d'émission mais pas tant en espérant conserver la stabilité de la scène qu'en conservant la plausibilité des timbres, donc en ne détimbrant pas.
Sont par conséquent souvent considérées comme peu directives des enceintes qui donnent une restitution approximative mais dite ouverte de la scène. Et le plus souvent timbrant bizarrement.
Au risque d'être à total contre-courant, nous estimons que la directivité est un atout : refermer les lobes d'icelle au fur et à mesure que l'on grimpe en fréquence est non seulement souhaitable mais louable. Car un son aigu est plus ponctualisé qu'un son grave.
Une directivité contrôlée - par opposition à disparate - est le seul moyen de ramener la stéréo à son sens premier. A condition bien sûr de ne pas se contenter de placer les enceintes acoustiques comme tout le monde : très écartées et parfaitement parallèles.
Hérésie qui permet aux idiophiles de juger quel système est supérieur à un autre en vertu du fameux et parfaitement crétin "Sweet Point", une parfaite itération de la logique inversée.
Essayez : pincez-vos enceintes un bon mètre devant la zone d'écoute. Pas forcément dans une totale symétrie. Et ? oh, miracle, les timbres sont plus justes, la scène sonore plus stable, et le "sweet point" disparait. Ben oui : ce sont les bases de la stéréophonie. Et ce qui rendait l'idée même de quadriphonie caduque. Alors, le 6.1...
durée de note
Il est temps de prendre conscience que l’artiste, entre deux notes, ne fait pas systématiquement une pause pipi !
Il reste présent dans la pièce, concentré, inspiré, jouant du silence liant les notes entres elles, laissant éventuellement l’extinction de l’une se fondre dans le début de l’autre. Donc ce trou noir qui sépare trop souvent des notes déliées dans la reproduction sonore n’est pas admissible ! Votre système a un problème.
De même si chaque fin de note s’arrête à chaque fois de la même manière ; de même si les silences ressemblent à des alvéoles dans la bande. De même si la table d’harmonie disparaît mystérieusement à chaque lever de pédale etc…
Non, ce n’est pas ça le phrasé, le liant, le huilé, l’âme de la restitution…
On peut parfois avoir l’impression que ce qui sépare un bon violoniste d’un excellent violoniste n’est pas tant dans l’attaque des notes, mais dans la façon de les tenir, droites ou vibrantes, les unir, les moduler, les articuler, les éteindre…
L'analyse de la subtilité de la restitution musicale repose sur un critère comparable.
dynamique
Encore une tarte à la crème rancie de la Hifi.
La dynamique est, en théorie, une expression de grandeur utilisée en électronique et en traitement du signal, qui traduit le rapport entre le niveau maximum et le niveau minimum d'un signal, autrement dit l'écart entre le son le plus faible et le son le plus fort.
Avec ça on est bien avancé.
Souvent, les néophytes (heureuses gens) emploient "dynamique" dans un sens plus concret, à savoir ce qui est lié au mouvement, l'expression du brio, de la vigueur, de l'extraversion, de la joie de vivre, comme on parle d'un être ingambe…
En hifi, on confond souvent dynamique et capacité à écouter fort : sans parler de ces nombreux exemples, pourtant glorieux, d’électroniques ou enceintes qui se comportent tout simplement comme des compresseurs, ne prenant surtout pas le risque d’un quelconque éclat ; on notera que sont, au mieux, qualifiés de dynamiques des appareils effectivement capables de variations rapides d’intensité, de passer du calme à la violence en quelques millisecondes mais : par paliers, par crans, sans aucune modulation interne, sans l'enveloppe des attaques, sans les variantes intimes de chaque instrument. La dynamique mono instrumentale est d'ailleurs rarement respectée, ces petites accélérations soudaines sur une guitare, un violon, une trompette, dans l’élocution d'un chanteur, sont sordidement lissées et simplifiées rendant ce qui précisément devrait traduire les choix les plus subtils en une lourde sauce plus ou moins digeste.
Jean-Marie Piel (hélas disparu, ne laissant aucun héritier spirituel !) longtemps rédacteur de la rubrique son de la revue Diapason, a introduit il y a quelques années déjà, une notion très intéressante, bien moins pompeuse que le jargon pseudo technique de "micro dynamique", pour essayer d'exprimer une capacité rare à la nuance : la dynamique fine ! Oui, très bonne expression en effet de la dynamique dans la dynamique.
Mais une fois encore, la confusion entre dynamique et gros son est fréquente. Qui se traduit d'ailleurs assez souvent par une compression globale du signal sur les forte. Quand les masterisations modernes ne sont pas complices du phénomène