S : salle d'écoute => subjectivité

salle d'écoute


Les inquiétudes sont fréquentes concernant la qualité de la pièce dans laquelle on place sa chaîne…

Cette obsession audiophile est bien compréhensible. En effet, des résonances mal contrôlées, des duretés acoustiques, une certaine froideur de la pièce peuvent ruiner le plaisir d’une chaîne. Il serait vain de le nier. Mais il ne faut pas dramatiser :

- même dans une pièce moyenne, on fera toujours la différence entre une chaîne correcte et une chaîne de haut niveau. Il ne faut surtout pas rentrer dans cette abomination de la haute-fidélité issue de la psychanalyse et qui voudrait agir par compensation : choisir une chaine sombre pour compenser une pièce claire. Quelle abomination ! Une chaîne équilibrée et subtile donnera le moelleux nécessaire pour ne pas tomber dans l’excès de sucre ou dans la sur-luminosité uniforme façon plateau de télé !

- la pièce dans laquelle vous écoutez est aussi la pièce dans laquelle vous vivez : vous vous êtes habitués à ses défauts, ses manques, vous avez appris à compenser en grande partie ses couleurs gênantes. On estime que le cerveau a besoin d’environ 3 semaines pour intégrer les caractéristiques d’une pièce. Donc :

- souvent la chaîne nouvellement acquise vous paraîtra meilleure qu’au magasin où vous l’avez choisie tout simplement parce que vous connaissez votre pièce et en avez dompté les particularités. Deux cas extrêmes certes : une pièce réellement catastrophique, il en existe, face à un magasin doté d’un auditorium parfaitement réglé…

- s’inquiéter de la qualité acoustique de la pièce est un faux problème : puisque c’est une pièce de vie, se soucier de la restitution de votre chaine devrait passer au second plan derrière votre agrément de vie. Si une pièce est acoustiquement agréable à vivre, douce, équilibrée, où il ne faut pas crier pour s’entendre et inversement où les voix sont mates et posées, où l’on peut regarder la télévision sans avoir l’impression d’être dans une cathédrale, où l’on ne détecte pas de toniques marquées sur certains bruits de la vie familiale, alors cette pièce sera saine pour la musique. Avant de penser à la reproduction musicale, pensons déjà confort quotidien.
Une pièce reposante, sans stress sonore contribue au bien-être de tous, mais…

- … demande quelques concessions à une décoration trop figée. Corriger une pièce n’est pas aussi difficile qu’on ne le croit et se fera par petites touches discrètes, un canapé moelleux, une table basse où traînent quelques livres, un beau tapis sous lequel on cachera une sous-couche genre thibaude de laine, des matériaux amortissant glissés derrière des tableaux, un meuble lourd pour casser la symétrie des murs, etc… Des rideaux, qui existent sous des formes très diverses et très modernes. De même, cas extrêmes, Placoplatre vibrant ou parallélismes problématiques, seront apprivoisés par des idées de pans inclinés ponctuels, intégrés à la décoration et rajoutant discrètement de la masse, cassant les ondes stationnaires et ne coûtant pas une fortune ; bien dessinés, ils peuvent enrichir la présentation du salon…

- enfin, une excellente chaîne, raffinée, subtile, délicate et expressive fonctionnera mieux à bas niveau et évitera l’excitation de toniques peut-être inévitables mais surtout pénibles à fort niveau d’écoute…


satinée


On décrit ainsi une reproduction fine et douce, mais un peu artificielle, un peu froide… Elle est opposée à une restitution dite "soyeuse"


Sfumato


Le sfumato signifie évanescent, où viendrait s'ajouter une notion d'enfumé.

Dérivé de l'italien fumo, la fumée. Le sfumato est une technique mise au point par Leonardo da Vinci : "sans lignes ni contours, à la façon de la fumée ou au-delà du plan focal".
Le résultat est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement douces, afin de donner au sujet des contours imprécis. Et une impression de profondeur…

Sfumato est peu employé en vocabulaire hifi, et c'est bien dommage : on simplifierait beaucoup la description des résultats dominants de la restitution sonore, fréquemment encensés d'ailleurs, un flou artistique, quelques coups de zoom sur des instants choisis par le système, et voilà…

Utilisation potentiellement regrettable car Sfumato est un terme noble ; on devrait essayer de l'employer pour glorifier une sorte de "flou / net" élégant, lié au modelé, à une intégration du piqué dans le flou, un peu comme certains objectifs photographiques donnent à première vue une sensation de netteté, de piqué plus précis, mais s'écroulent à l'agrandissement, alors que d'autres, au résultat apparemment moins absolument net, révèlent un maintien de précision sur de très forts agrandissements parce que l'image expose un modelé, un relief interne plus fouillés…


silence


« Le silence est un miroir. Si imprévisible soit-elle, l’image qu’il renvoie aux hommes est tellement fidèle qu’ils ne reculent devant rien pour l’ignorer. Et si jamais la surface ampliative de la glace doit se trouver temporairement nette et dégagée de l’omniprésent tohu-bohu de la vie moderne, alors ils se hâteront de l’embrumer à nouveau d’un éventail désespéré de bruits personnels : de conversations polies, de fredonnements, de sifflements, de dialogues imaginaires, de bavardages schizophréniques, voire, dût-on en venir là, des canonnades clandestines de leurs propres flatulences. C’est seulement dans le sommeil qu’on tolère le silence, et pourtant, même alors, la plupart des rêves ont leur bande sonore. Du fait que la médication consiste en une descente délibérée dans le profond calme intérieur, en un regard muet fixé sur l’ultime miroir, les masses jacassantes l’observent d’un œil suspect, les intérêts commerciaux avec hostilité ( assis dans un silence serein, on achète rarement des biens de consommation ) et le clergé, dont elle paraît menacer le gagne-pain boursouflé en sapant son insubstantielle autorité, avec mépris »
 

Tom Robbins. Féroces infirmes Retour des Tropiques. Un chef d’œuvre d’humour, de causticité et de lucidité. Le héros, agent ringard et démissionnaire de la CIA pour accomplir une mission privée, se targue d’être un des rares individus de sa génération à avoir lu intégralement Finnegans Wake de James Joyce.

Les silences entre les notes, ces silences habités dont nous parlons si souvent, émus, dans ces nombreuses pages… Oui, les silences portent l’esprit de la musique et des musiciens, les silences ont une densité propre à chaque pièce, chaque présence, souvent plus remplis qu’on ne le croit, d’une ultime fin de note ou réverbération, d’un relâchement des doigts, d’une inspiration avant l’impulsion suivante, des palpitations, de la chair des femmes ou hommes qui se livrent corps et âmes… Les silences ne sont pas des trous dans la bande, des puits sans fonds, des abîmes de rien…

Petite anecdote au passage : Stanley Kubrick avait demandé à un musicien et un ingénieur du son de lui composer un silence réel, le silence des noires profondeurs du vide intersidéral pour son film "2001, odyssée de l’espace". En effet, il voulait que cette solitude infinie ne soit pas polluée par les souffles de bandes, et le médiocre rapport signal / bruit des techniques sonores cinématographiques de l’époque. En théorie, il n’aurait plus besoin d’un tel artifice de nos jours… Mais est-ce bien sûr ? Voulait-il un trou au milieu de la bande ou plus probablement un silence dense et inquiétant de présence.


son


Le son est une onde produite par la vibration mécanique d'un support fluide ou solide et propagée grâce à l'élasticité du milieu environnant sous forme d'ondes longitudinales. Par extension physiologique, le son désigne la sensation auditive à laquelle cette vibration est susceptible de donner naissance.
La science qui étudie les sons s'appelle l’acoustique.
Tout être vivant doté d'une ouïe ne perçoit qu'une partie du spectre sonore : les physiologistes s'accordent à dire que l’oreille humaine moyenne ne perçoit les sons que dans une certaine plage de fréquences située environ ( selon l'âge, la culture… ), entre 20 Hz ( en dessous les sons sont qualifiés d’infrasons ) et 20 kHz ( au-delà les sons sont qualifiés d’ulstrasons ) ; le chat peut percevoir des sons jusqu'à 25 kHz, le chien jusqu'à 35 kHz, la chauve-souris et le dauphin peuvent percevoir les sons de fréquence 100 kHz.
Attention toutefois à ne pas confondre avec la bande passante d'un système de reproduction : une coupure raide à 20 kHz engendre une dénaturation des harmoniques hautes et par ailleurs, si l'ouïe ne perçoit pas en dessous de 20 Hz, la perception du son passe par d'autres phénomènes ou organes, conduction osseuse, cavitation, etc… qui rendent sensibles à des fréquences en-deçà et au-delà des 20 - 20 000…


soyeuse


Ce devrait être une restitution offrant une finesse très poussée, brillante et polie, dans une ambiance très chaleureuse.
Bref le bonheur des sens, en théorie…


staccato


Le staccato ou "piqué" ou encore phrasé en notes détachées, désigne un type de phrasé dans lequel les notes des motifs et des phrases musicales doivent être exécutées avec des suspensions entre elles. Cette technique instrumentale s'oppose donc au legato.


stéréophonie


Techniques de la reproduction des sons enregistrés ou transmis par radio, caractérisée par la reconstitution spatiale des sources sonores. Cette technique est apparue dans le milieu des années cinquante. On agit alors prosaïquement sur la balance entre le niveau d'émission d'un haut-parleur situé à droite et un second situé à gauche de l'auditeur, donnant ainsi l'impression que la source de son se déplace de droite à gauche ou inversement.
Un meilleure maîtrise de la phase de l'onde et une compréhension affinée des phénomènes de diffraction de l’onde sonore autour du visage de l'auditeur, phénomènes qui permettent à l'homme de localiser la source sonore sans la voir, ont permis de faire progresser les premières notions un peu caricaturales de la stéréophonie…